« Tryptique »
ou
« Les souffrances de l’amour »
De l’eau qui stagne, un gant solitaire, des arbres morts. Une couleur intense, inquiétante, à l’opposé du rouge. Le reflet des choses et leur immobilité, redoublés par la photographie. L’impression que le mouvement et la vie ont déserté le monde.
En me penchant vers le vide, ces trois photos m’ont sauté à la gorge lorsque j’ai tenté de les attraper. Je les considère comme des autoportraits, ou plutôt comme des radiographies. Mon ombre de photographe figure d’ailleurs, brièvement, dans l’une d’elle.
Par le geste photographique, j’ai tenté de comprendre ce que me disait la ville de mon expérience de la douleur. Car le paysage urbain témoigne ici de ce qui déchire. Ainsi, la photographie pour exfiltrer ce qui fait mal en le donnant à voir. Mais pour l’entretenir aussi, comme on entretient des braises. Avec au fond de soi le secret espoir qu’un jour, un souffle de vent.
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